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Zoom sur la qualité du retour au sol

7/1/2020

Dans cet article, nous avons souhaité vous faire un zoom sur les initiatives de certains de nos clients qui ont à cœur de travailler continuellement sur la qualité de leur digestat ou leurs compost.

En effet, de mauvaises pratiques ou la difficulté à maîtriser les intrants suscitent beaucoup d’inquiétudes des riverains et des associations concernant la qualité du retour au sol.

Les professionnels de la méthanisation et du compostage en ont conscience et essaient d’apporter des réponses via des normalisations sur les taux ou les surfaces de contaminants dans les digestats et le compost.

A travers nos contacts en Europe, nous pouvons voir également que ces sujets sont présents et sources de réflexion. Nous irons voir les évolutions récentes qu’ont proposé nos pays voisins.

Bonne lecture !

Pour commencer, quelle est la différence entre un compost et un digestat ?

Le digestat est l'équivalent d’un engrais qui sert à nourrir directement les plantes. Il est le résidu obtenu à l'issu de la méthanisation des déchets organiques. Le digestat est constitué de bactéries excédentaires, matières organiques non dégradées et matières minéralisées. Il peut être sous la forme liquide et solide.

Le compost est un amendement organique qui sert à nourrir le sol. Il est le produit de la dégradation aérobie des déchets organiques – qu’ils soient agricoles ou urbains – en présence d’oxygène et sous l’action combinées de bactéries, de champignons et autres micro-organismes.

Leur différence est donc leur valeur agronomique, leur fabrication. Cependant, ils ont un point commun : le retour au sol. Ainsi il est clé que ces deux matières contiennent un taux de contaminants proche de 0%.

Fonctionnement d'une plateforme de compostage :

Schéma compost - Agricompost

Source : Agricompost

Comment est obtenu le digestat :

Initiatives à la Compostière de l’Aube - Plateforme de compostage

La Compostière de l’Aube, entreprise familiale fondée en 2003, a toujours été à la recherche d’une qualité de compost irréprochable et dépourvu de tout plastique.  

En 2014, ils deviennent pionniers du déconditionnement de biodéchets dans la région de l’Aube avec un premier système de déconditionnement agricole. Non satisfaits de la qualité de soupe – même si elle respectait bien la norme compost française - ils décident d’investir dans l’outil FLEXIDRY

Après plusieurs années d’exploitation, les équipes de la Compostière de l'Aube font depuis quelques mois des essais sur des graisses alimentaires.

Pourquoices essais ?

Ces matières contiennent des gants, des étiquettes de l’industrie, etc.. Elles sont donc polluées par des matières non dégradables. Comme beaucoup de matières, sur ces photos, nous pouvons voir que le poids récupéré en pourcentage est très faible. Cependant, en surface visuelle, cette pollution peut être relativement importante lors de leur retour au sol après compostage.

La qualité de l’entrant est clé pour la qualité des composts et la Compostière de l'Aube travaille également beaucoup sur la sensibilisation des apporteurs de matières. Car même si les plateformes sont équipées de cribles pour gagner en qualité, le compost étant humide, des contaminants peuvent rester collés au compost.

La qualité du retour au sol est donc l’affaire detous !

Et où en sont nos pays voisins sur cette question ?

A travers les différents salons et nos partenariats en Europe, nous avons pu échanger sur ce sujet de retour au sol. Nous constatons la même sensibilité des différents acteurs sur ce sujet ainsi que des questionnement quant aux solutions à mettre en place. En Allemagne et en Suisse, l’avancée de la méthanisation très rapide dans les années 2000 a permis qu’ils aient conscience plus rapidement de l’importance de la qualité des digestats mais aussi finalement de l’enjeu pour la crédibilité de la filière méthanisation.

En Suisse, nous avons participé à une journée de travail sur ce sujet en octobre 2019. La collecte des biodéchets des ménages est déjà réalisée dans certains cantons. Elle pose de sérieux problèmes car les biodéchets de table sont mélangés avec les déchets verts de jardinage dans les consignes de tri. Les erreurs de tri des biodéchets de table sont difficiles à évacuer complètement lorsque l'on traite en même temps des branchages. Le travail proposé est divisé en deux : améliorer les outils industriels pour augmenter la qualité des digestats et sensibiliser toujours plus les apporteurs de biodéchets.

Sur ce sujet, la société Ecorecyclage, basée à Lavigny, est précurseur grâce à la toute récente modernisation de son unité de méthanisation. Ecorecyclage est principalement active dans le traitement des déchets alimentaires et végétaux et produit du biogaz injecté directement dans le réseau de distribution de gaz naturel du groupe Holdigaz. Ecorecyclage représente le plus important site de valorisation en Suisse romande produisant 15'000'000 kWh, 11'000 tonnes de compost et 10'000 tonnes de digestat liquide de haute valeur par an.

Ecorecyclage travaille, depuis quelques mois, sur 3 actions pour améliorer la qualité de son digestat et de son compost :

  • Sensibilisation en entrée avec ses clients
  • Déconditionnement avec FLEXIDRY avec un taux de contaminants inférieur à 0,114% dans la matière sèche.
  • Mise en place d’une ligne de tri optique après criblage du compost afin d’éliminer un taux de contaminants résiduels lié à l’ensemble des déchets traités sur la plateforme.

Les premiers retours de cette modernisation sont très positifs. Ces trois actions permettent à cette société de conforter son avance sur le territoire Suisse grâce à la qualité de son digestat et de son compost.

A suivre…

Nous constatons que tous les acteurs de la filière en France et à l’export sont conscients du travail à faire afin de garantir l'innocuité et la qualité de tout retour au sol.

Les actions mises en œuvre pour y parvenir progressent et se mettent en place, avec une volonté collective de pérenniser la filière. Il est clair que les gouvernements et les instances publiques européens doivent également accompagner ces initiatives afin qu’elles ne soient pas éparses et peu nombreuses.

D’ailleurs en France, une étude est en ce moment réalisée par l’INERIS sur la caractérisation des indésirables dans les soupes issues du déconditionnement, afin d’établir dans quelles conditions le compost ou le digestat qui en seraient issus peuvent retourner au sol.

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